Après 3 semaines en immersion complète dans l’hôpital, je me rends compte qu’on a vraiment beaucoup à apprendre de ce genre d’expérience. Vie ma vie d’interne de chirurgie générale dans le grand service de la « Sala diez ». Alors la vie d’interne, c’est comment ? L’interne est déjà docteur ici, il a passé sa thèse à la fin de ses études et mérite donc ce titre. Ce qui fait que l’on s’adresse à lui en l’appelant docteur, que ce soit le patient, l’infirmière ou même le chef de service. La distance est grande entre les différents professionnels de santé, on ne se claque pas la bise dans le poste de soins. Il y a une vraie hiérarchie entre les internes : les « internos » de première année sont de vrais larbins : achat des repas pendant les gardes et remplissage des dossiers, des pancartes, tout doit être prêt pour la visite de 7h !! Ensuite il y a les « residentes » de la première à la troisième année, chacun son rôle. Plus que dévoués à leur travail, se sont, à mon sens, des personnes particulières, dotés d’une générosité et d’une dévotion extraordinaires. Les gardes, nombreuses et difficiles, ne sont pas rémunérées, sans repos de garde bien sûr.
Elles peuvent durer jusqu’à 72 heures… Les chambres de gardes sont des dortoirs de 8 lits. Les urgences sont blindées et les internes de chirurgie sont régulièrement amenés à intuber et à réanimer eux-même dans les urgences, au milieu des autres patients. Malgré un hôpital tout neuf, côté matériel c’est la dèche : le matériel à usage unique est réutilisé jusqu’à rupture (ce que je ne trouve pas plus mal d’ailleurs), il manque des respirateurs donc quand un patient est intubé sans respirateur, les internes se relaient toute la nuit, ou même durant 3 jours si besoin, pour ventiler un patient manuellement. Les patients doivent tout payer pour une chirurgie, jusqu’au moindre fil. Mais parfois, ils n’ont pas les moyens. Alors les internes se débrouillent pour récupérer fils, pansements, compresses etc…
et se promènent avec leur « caisse » pour les patients démunis.
Il arrive même qu’ils payent de leur poche pour pouvoir opérer un patient. La machine de stérilisation du service permet de stériliser toute sorte de choses achetées au marcher du coin et qui seront très utiles aux patients.
Au final, ils arrivent à délivrer de vrais soins de qualité aux plus démunis et cela avec un réel esprit de famille. Bref, la vie d’interne de chirurgie c’est dur, ils payent de leur personne, de leur argent, de leur temps, mais gagnent un immense respect et la grande satisfaction d’aider les indigents.