Il y a des moments dans la vie où on est amenés à vivre des expériences tout aussi étranges qu’uniques. C’est ce genre de choses qui m’attendaient à Potosi.
Déjà Potosi, c’est la ville la plus haute du monde, à 4300 mètres d’altitude.
L’oxygène se fait rare, raison pour laquelle aucune équipe de football ne souhaite venir y jouer un match.
Mais ce n’est pas ce qui m’amène ici. Il faut savoir que Potosi a été, en son temps, la ville la plus riche du monde.
De fait, elle possède une immense mine d’argent baptisée Cerro Rico qui fût longtemps exploitée par les espagnols afin de remplir les caisses de la couronne.
Aujourd’hui, le filon est maigre, mais suffisant pour faire vivre les mineurs qui y travaillent. Beaucoup de choses se disent sur la mine : travail d’enfants, mineurs exploités, une espérance de vie réduite à sa simple expression, le tout pour quelques dollars à peine suffisants pour nourrir la famille… Le mieux restant de se faire son opinion par soit même, je convaincs mes amis anglophones de me suivre au cœur de la mine. Première étape, trouver un guide, ancien mineur de préférence, puis direction le marcher du coin pour acheter quelques feuilles de coca, des sodas et de la dynamite en guise de présents pour les mineurs que nous croiserons en chemin.
Une fois l’équipement indispensable enfilé, nous visitons la raffinerie où est extrait le précieux métal avant de pénétrer les entrailles de la montagne à la seule lumière provenant des ampoules visées sur nos têtes.
100 mètres plus loin, un autrichien abandonne et fait demi-tour… trop hostile. Il faut dire que c’est étroit, de plus en plus étroit, on suffoque, on se cogne, on rampe parfois dans la bouillasse…
le tout aux sons des chariots poussés par les mineurs et de la dynamite.
La pause avec le Tio (dieu de la mine) est l’occasion de souffler (surtout de respirer) et de faire un peu la cosette avec les travailleurs.
Ils me confient que les conditions sont dures, ça j’avais remarqué par moi-même (je suis assez observateur comme garçon), mais que pour rien au monde ils ne troqueraient leur labeur contre un autre boulot !
Plus qu’un travail, la mine, c’est une façon de vivre, c’est leur maison, ils l’aiment autant qu’ils la détestent, c’est là qu’ils voient les amis, qu’ils se prennent des gentilles bitures à coups de lampées d’alcool à 96% (j’ai essayé… ça pique).
Sur notre route, nous avons même croisé un retraité venu voire les potes dans la mine, ça lui manque. Un peu comme les chirurgiens et l’hôpital en quelque sorte (sauf que l’alcool est moins fort et qu’on se lave les mains avec) !
Côté finance, ils me disent vivre plutôt confortablement, c’est d’ailleurs ce qui les amène à la mine. Pour certains trouvant un filon, c’est même le jackpot (mais c’est très rare).
Et côté santé, y’a mieux, mais y’a pire : le retraité me dit que ses compagnons d’armes décédés ont plus été emportés par l’alcool et la malbouffe que par la silicose.
Après 2 heures sans soleil nous ressortons, rincés, de l’autre côté de la montagne.
Nous méritons bien notre soupe à la roche volcanique !
Cette expérience restera inoubliable, et c’est loin d’être la dernière de mes aventures boliviennes…